vendredi 16 janvier 2009

Bien trop long...

Pour notre Noël privé de boîte jeune et fun, j'ai eu une statuette de Betty Boop qui, je pense, doit dire "poo-poo-pidoo" quand on appuie sur un bouton (pour l'instant y'a pas de piles, et ça risque de durer un moment). Je trouve ça plutôt sympa. Je vais certes avoir du mal à la caser au milieu du bordel incroyable qui règne dans mon appartement, mais comme pour tout le reste : ça viendra.
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En fouinant sur le forum d'un site consacré à la "littérature" amateur (essentiellement la partie intitulée "Astuces d'écriture" car c'est un titre très prometteur, et que je ne peux jamais résister quand il est question de se moquer de niaiseux bouffis de prétention mal maquillée), j'ai eu envie de retourner à mes vieilles nouvelles. Ma propre médiocrité me dégoûte jusqu'aux tréfonds lorsqu'elle m'éclate au visage, mais celle des autres est quelquefois stimulante.

Les gens écrivent des rédactions de collégiens en s'imaginant qu'ils mènent une démarche artistique. Ils essaient tant bien que mal de le masquer mais leur attitude parle pour eux.

Il y a ceux qui ne se séparent jamais de leur carnet secret, pour noter toutes ces idées fabuleuses qui leur tombent dessus à longueur de journée, en provenance directe de Dieu. Ceux-là adorent vous dire (car vous faites aussi partie du cercle) que les autres ne les comprennent pas, qu'ils se moquent souvent, mais qu'ils seraient dépassés si on leur expliquait qu'on est en train de camper des personnages ou un décor. Camper des personnages, mon cul. Comme j'aimerais en connaître en chair en os, de ces ahuris pétris de certitudes débiles, prenant ostensiblement des notes à la moindre occasion de se faire mousser, comme si leur cerveau de momie était incapable de mémoriser quoi que ce soit. Et comme j'aimerais lire une fois le contenu d'un de ces carnets d'artiste.

Il y a ceux qui vous disent qu'ils "composent", qu'avant d'écrire ils doivent créer une "galerie de personnages", ceux qui citent Balzac, ceux qui ne sont pas foutus d'avoir le moindre recul sur ce qu'ils font, de s'autoriser la moindre autodérision (parce qu'ils y mettent beaucoup d'eux-même, t'as vu), et ceux qui écrivent pour pousser les lecteurs à réfléchir, alors qu'ils ne sont pas capables de suivre un raisonnement plus élaboré que celui d'un gosse de huit ans.

"Et toi ?" Qu'est-ce qui te fait croire que tu vaux mieux que le troupeau ? Pas grand chose à vrai dire. Je sais que ce que mes histoires de canibalisme et de freaks vont plus loin que la majorité des nouvelles de ce site, essentiellement parce que des personnes que je tiens en haute estime intellectuelle y trouvent des choses qui me touchent sans que j'aie vraiment eu conscience de les écrire, mais je n'y verrai jamais ni art ni véritable importance. C'est de l'écriture défouloir conjuguée à un enthousiasme d'enfant pour les monstres et les machins dégueus qui saignent et qui font peur.
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Une chose toutefois. C'est quand tout va mal que je me remets au boulot. 

Lundi soir, juste après l'ouverture des cadeaux, toute l'équipe (moi y compris) est allée voir une pièce de théâtre. Une comédie pas très drôle, mais les acteurs étaient sympathiques et se donnaient à fond, ce qui l'a sauvée du naufrage. Mais pendant ces deux heures d'ennui poli, je n'ai eu pratiquement qu'une idée en tête : attends, attends, deux secondes là, je tiens un truc je crois, attends, sérieusement, est-ce que je serais capable d'adapter une de mes nouvelles au théâtre ?

La dernière, qui raconte l'enfoncement dans la folie et la maladie d'un génie fulgurant sur le point de faire une découverte remettant en cause les fondements de la physique, racontée à la première personne par sa petite amie, me semblait tellement évidente que j'en trépignais presque dans mon fauteuil. Pas besoin d'effets spéciaux, juste un peu de maquillage, pas de problèmes scéniques particuliers, peu de personnages, une progression dramatique pas trop pourrie pour une fois. Et j'en étais sûr, en se prenant un peu la tête sur la mise en scène, de quoi foutre la trouille au public, de quoi le secouer et si t'es pas trop mauvais, de quoi réellement l'émouvoir.

Et puis merde, un peu d'ambition, David Cronenberg a bien adapté La mouche sur scène.

(au passage, j'ai entendu un extrait de la comédie musicale Mozart, l'opéra rock, produite par l'inénarrable Dove Attia, et ça a l'air de faire aussi pitié que dans mes rêves les plus fous, tatoue-moi sur tes seins, je baiserai tes mains, je ferai que ça teeeeeuuh plaise)

Dans la foulée, j'ai prévu d'illustrer deux chansons des Elles à l'aquarelle. Un dessin par strophe. C'est pas comme si j'avais deux milliards d'autres choses à faire avant, après tout.
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Et puis l'autre jour, la smart radio de Deezer m'a balancé L'Alizé, d'Alizée. Ca m'a rappelé Jean-Charles à l'époque de la fac. Les efforts qu'il devait déployer pour me faire sortir de chez moi et jouer au billard. Dans le bar, au-dessus des tables, il y avait une télé branchée sur MCM. Quand la chanson d'Alizée a commencé à être diffusée sur les radios, on s'était arrêtés tous les deux sur le même passage sans le savoir. Un jour devant la télé, on avait dit exactement la même chose en même temps.

- Elle est pas mal sa nouvelle chanson, j'aime bien quand ça fait : "j'ai trouvé mon amour, c'est un souffle, gnagna, c'est léger, c'est l'Alizé".

C'est idiot ces souvenirs de quelques secondes qu'on n'oublie jamais.
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Je ne suis pas le seul, mais je suis un pauvre con.

mardi 13 janvier 2009

Noël 2, toujours plus loin

A GM., où l'organisation, la précision, la minutie et la ponctualité sont légendaires, on fête Noël vers la mi-janvier. Le principe est le suivant : chacun achète un cadeau entre 10 et 15€ et l'emballe avec amour et entrain (un sachet carrefour et deux coups d'agrafeuse, en clair).

Le soir venu, alors que la neige tombe et que le blizzard souffle, nous nous réunissons à la lueur d'une bougie et tirons chacun un petit papier dans une urne. Chaque papier nous attribue un numéro.

La personne portant le numéro 1 choisit alors un cadeau, au pied du magnifique sapin de la salle technique (dont les branches sont déjà tellement agonisantes qu'elles traînent par terre et répandent des épines jusque dans le hall). Avec impatience, il découvre soit un porte-clés anti-moustiques, soit un DVD de Christophe Maé, soit, s'il a vraiment de la chance un lot de cintres colorés (c'est qu'on est facétieux).

C'est ensuite le tour du numéro 2. Et c'est là que l'on prend conscience de l'ingéniosité du système : si son cadeau ne lui plait pas, il a le droit de l'échanger contre celui du numéro 1. Et ainsi de suite. Le dernier de la liste ayant le privilège de choisir ce qu'il veut. Et le premier, finalement, se faisant copieusement avoir vu que :

- soit il tire une merde, et il peut être tranquille, personne ne la lui prendra
- soit il tire un truc super, et de toutes façons il ne le gardera pas

Dans tous les cas, il sera sans doute question d'immortaliser ce grand moment par quelques photos, et donc pour moi de sourire assez longtemps pour que le photographe ait le temps de trouver le bouton et d'appuyer dessus (je ne sais pas si les gens le font exprès pour m'emmerder, mais le déclenchement leur prend toujours un temps fou ("attends, attends, c'est bon, attends, bouge pas"))

Go on.

samedi 10 janvier 2009

Ca descend

Signe reconnaissable d'une acidité que je voudrais profonde mais qui n'est que de surface, ou bien vague symptôme dépressif, en tout cas en ce moment la gentillesse gratuite me donne envie de pleurer. J'ai passé la journée à ne pratiquement rien faire, basculant d'Excel à Powerpoint pour me donner une contenance. Vers 16h, Sophie dont le bureau est juste en face du mien, me regarde avec insistance. Je lui souris par réflexe, et elle me fait signe d'enlever mes écouteurs (car oui, comme un vrai parisien du XXIème siècle, je glande en musique). Elle hésite.

- Tu...
- Quoi ?
- T'écoutes Goldman depuis ce matin en fait, non ?

Je réagis tout de suite, pour ne pas qu'elle s'imagine que ça pourrait être par un quelconque laisser aller de mec qui ne va pas super bien.

- Ah merde, c'est trop fort, t'entends tout ?
- Oui mais c'est pas ça... Tu devrais pas écouter Goldman, c'est pour ça que tu vas pas bien...

Bon au moins je suis fixé, ma couverture est totalement grillée.

- Mais non, y'a des trucs très entraînants chez Goldman, c'est pas forcément...
- Ben là c'est "Là-bas" non ?

Elle insiste, et je me dis qu'il faut vraiment que je fasse cesser cette conversation avant d'en avoir les larmes aux yeux. Pourquoi se préoccuper de moi ? J'ai rien demandé. Qu'elle retourne rapidement à son boulot, pour que je puisse me replonger dans mon ballet de fenêtres Windows.

- Oui, c'est une version live ! je dis, sur le ton le plus enjoué qu'il m'est possible d'adopter.
- Ben c'est triste cette chanson. Cette chanson-là en tout cas, elle est triste. J'aime bien mais...
- Oui, c'est triste, je dis.

Et je profite du silence qui suit pour replacer mes écouteurs. Je baisse le son.

Tout à l'heure, Clélie me dit sur MSN qu'elle a rêvé de moi et que ça faisait trop peur. C'était quoi ? je lui demande. Si ça ressemblait à un film d'horreur avec des zombies ou des extra-terrestres de série Z ça me plait. Mais c'est bien plus terre à terre : "tu sautais par une fenêtre". Charmant.

A ma demande, elle me précise que c'était une de ces vraies fenêtres par lesquelles les gens sautent, elle était haute. Bon j'en suis quand même pas à ce point, ça va finir par devenir agaçant.

- Après je t'en voulais beaucoup d'avoir sauté, et j'essayais de te soigner en te faisant la morale.

C'est idiot cette remarque, mais c'est touchant finalement. Je la connais très peu, Clélie. Quand elle me dit ça j'ai envie de la prendre dans mes bras pour la remercier, je ne sais pas trop de quoi. D'être venue placer un mot gentil avant de sortir en ville, sûrement.

Allez, j'essaierai de faire un post plus marrant la prochaine fois. C'est le week-end après tout.

vendredi 9 janvier 2009

Insert

Cette heure courte où le jour se délite, qui rappelle l'enfance avec poigne, ce froid vif qui engourdit les joues, ce ciel teinté de rose, quelques bourrasques de vent étrangement parfumé et les aboiements d'un chien dans le lointain, ce moment qui ne dure pas et qui n'en est que plus précieux, qu'est-ce qu'on s'y sent bien. C'est le dernier coup d'oeil sur la vie avant le précipice, où pour quelques secondes en équilibre, le monde semble ralentir, quasiment s'arrêter. Puis tout se décroche et on bascule dans la nuit.

mercredi 7 janvier 2009

I'm not sleepy and there is no place I'm going to

Le vieux au visage grêlé et aux yeux rouges ne comprend pas que je n'ai aucune envie de lui faire la conversation. Ni sur les bus qui sont décidément tout le temps en retard, ni sur la température extérieure qui s'élèverait, selon ses estimations, à -8°C. Je ne sais pas quelle température il fait, et j'en ai rien à foutre.

Je hoche la tête quand il me regarde, parce qu'il attend mes réponses avec un air désespéré, comme si j'étais son sauveur (oui Mon Fils, les bus sont en retard, tu as raison c'est scandaleux, va en paix maintenant, ego te absolum), et que je ne peux quand même pas rester figé comme une statue de sel.

Les gens essaient toujours de me parler quand j'ai pas envie d'ouvrir la bouche. Les vieux surtout. Est-ce que c'est moi, ou est-ce que ce sont toujours les vieux qui tentent d'engager la conversation avec des inconnus ? Au supermarché, dans la rue, à la table voisine au restaurant, dans le train... Fermez-la à un moment, je sais pas, "chut" quoi.

Ma grand-mère faisait ça aussi. C'est peut-être un symptôme. Mais dans ce cas-là les gars, vous pouvez me croire, en ce moment je retrouve mes 15 ans.

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Sinon, France 2 ne diffuse plus de pubs après 20 heures. Viva la revolución, dame otro tequila ! Dès lundi à 20h33, la météo continuait d'être sponsorisée par Darty, mais on suppose que ça compte pour du beurre. Cette polémique autour de la pub est naze, en fin de compte. Si ça permet d'avoir un meilleur "service public" (j'entends par là autre chose que Le grand cabaret sur France 2 ou Louis la Brocante sur France 3), c'est très bien. Et si ça coule la télé publique c'est très bien aussi, de toutes façons 120€ de redevance pour voir Patrick Sébastien faire semblant d'être un mec super terroir qui a gardé son âme d'enfant, j'ai du mal à avaler.

La première émission de la nouvelle télé publique, c'était Rendez-vous en terre inconnue. Je n'étais pas très attentif parce que je m'acharnais en parallèle sur ma Livebox qui avait décidé qu'elle n'avait pas envie de bosser. L'émerveillement forcé devant le grand dépaysement me gonfle, de toutes façons. Ce coup-ci, Edouard Baer était embarqué les yeux bandés chez les Dogons, un clan du Mali.

J'aime bien Edouard Baer, mais s'il y a un truc qui m'énerve c'est bien ce genre de discours :

"Ca alors hein, c'est formidable ! Tu vois, chez nous les gens quand ils te disent que tu fais partie de la famille, c'est juste une formule, si tu repasses chez eux le lendemain ils sont plus là ; alors qu'ici, on a vraiment l'impression d'être devenus très intimes au bout d'une heure".

A cause que les gens tu vois, plus ils vivent simplement, plus ils sont gentils. Tu peux y aller champion, on peut pas se tromper. Les Dogons évidemment, ils creusaient la terre à genoux pour récupérer je ne sais quel tubercule, alors tu penses s'ils étaient gentils. Quelle humanité chez ces gens-là hein, quelle grande leçon de vie. Ils n'ont pas d'amertume, pas de ressentiment envers la grande et toxique civilisation occidentale et son Dieu Argent, ils continuent de vivre en harmonie avec la Nature et ils ont tous une grande sagesse acquise au fil de leur communion avec la Terre.

On aime bien se faire croire qu'on a appris l'humilité auprès de vieux sages que les autres n'ont pas encore considéré (car naturellement, tous les autres richards occidentaux ne voient toujours chez eux que de pauvres paysans illettrés, à peine digne du statut d'être humain). Ca fait bien. Ca fait distingué, sensible. Ca sonne un peu comme le civilisé face au bon sauvage aussi, mais arrière raciste. Tais-toi donc, ces gens-là sont tellement gentils.

C'est drôle en même temps parce que les Dogons c'est le clan touristique par excellence. Leurs masques de cérémonie c'est surtout pour l'artisanat et le commerce, maintenant.

Et puis ça suffit, à la fin. Ne racontez pas de telles fables aux enfants. On sait bien que les gens sont des ordures puantes, morveuses et dégueulasses, des monstres grotesques et fats, boursouflés d'égoïsme et de lâcheté, au nord comme au sud, riches comme pauvres. Au milieu de la masse répugnante, il y en a seulement parfois qui ont quelques principes.

Faut arrêter de me prendre pour un con.

mardi 6 janvier 2009

Cheers

C'est consternant à quel point les voeux du nouvel an sonnent faux. Bonjour et bonne année hein ! Meilleurs voeux pour 2009, amour, santé, réussite... Tu parles. Ils souhaitent ça comme on demande si ça va par automatisme, en serrant une main. C'est la période, ça se fait.

Je ne risque pas de leur jeter la pierre, les miens sont aussi hypocrites que les leurs. A part que j'écourte, puisque je ne suis plus trop capable d'articuler des phrases longues. Salut, bonne année. Allez va, y'a des choses plus graves.

En arrivant ce matin, j'ai quand même cru un instant qu'on ne remarquerait pas mon état. Je rentrais de vacances, j'étais censé être requinqué et tout pimpant. Simuler le bonheur m'a paru d'une difficulté épouvantable devant la porte d'entrée, j'ai été pris d'une envie irrésistible de faire demi-tour et de me retrancher chez moi, et puis je ne sais pas où est-ce que j'ai trouvé la force de redresser les épaules et de me faire croire que j'allais très bien.

Parait que la stature physique joue vachement sur le mental. Si tu te tiens droit et fier, si tu essaies de prendre l'attitude physique que tu aurais si tu étais en pleine forme, heureux et confiant en l'avenir, ça influe sur ta façon de voir les choses. Je trouve ça relativement vrai, mais encore faut-il trouver les ressources pour le faire.

Je suis entré en souriant comme si c'était la grande forme, je crois même avoir eu l'air authentique auprès de quelques uns (et E. avait l'air au trente-sixième dessous, pire que moi, il n'aurait pas remarqué si j'avais eu ma tenue de zombie habituelle). Coucou les gars, c'est moi, remonté à bloc, prêt à attaquer sur les chapeaux de roues, ah-ah, on va voir ce qu'on va voir. Retrouver Sophie m'a quand même fait du bien (vaguement, parce qu'elle se marre beaucoup, c'est contagieux), mais c'est Nathalie qui m'a eu.

- Alors tes vacances, c'était bien ?
- Ca va, j'en avais besoin (dépasser à tout prix les deux mots par phrase, sinon on se trahit).

Un silence et puis :

- Bon, t'as pas tellement l'air mieux que quand t'es parti.
- (putain comment elle a su ?) Ah bon ? Si, ça va. Je me suis reposé.

Les enfants, les enfants. On n'est pas sortis du merdier. Au passage, si je continue à m'épancher dans ce blog et si je continue à dégringoler moralement, comme je ne compte pas me censurer ni effrayer mes proches, je vais peut-être en bloquer l'accès par défaut. Le genre qui ne reçoit que sur invitation. C'est pratique de ce point de vue, Blogger, je peux dire non.

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A part ça, je n'aime pas l'hiver mais j'aime voir la neige tomber. Brusquement, on dirait que le monde se met à chuchoter.


samedi 3 janvier 2009

Les retours

- Je voudrais un billet pour Paris...
- Pff... Paris, vous êtes sûr ?
- Pas vraiment. Si vous me trouvez un moyen d'y couper, je prends.
- ... Oh ! Plus de trains ! Ca vous plairait ?
- Si seulement !
- Si vous voulez je vous fais même un mot.

- A quelle heure vous voulez partir ?
- Ils sont tous complets je crois, j'ai vu que le dernier partait à 9h30 du matin...
- En seconde au moins ?
- Non, je crois qu'il ne reste que des premières.
- Attendez, je regarde tout... Hum, j'en ai peut-être un à 16h, ça vous va ?
- Ca serait nettement mieux !
- Pas sûr hein. S'il reste une place, c'est la dernière. Et voilà, il reste une place. Vous signez ?
- Je signe.

Il jette un oeil au nom sur la carte bleue.
- Ah, monsieur Banon. Je me disais que votre visage... Vous ressemblez à votre père.
- Oui hein, il parait. Enfin ça devient lassant, tout le monde me répète la même chose en ce moment.
- Je lui ai déjà vendu des billets ici. Enfin en tout cas c'est fini, dans 35 heures je m'en vais.
- Vous partez à la retraite ?
- Oui, je tire ma révérence.

J'arrive à la gare en faisant la gueule, je repars en souriant. Il y a des gens que j'ai envie d'embrasser pour les remercier de m'avoir croisé au bon moment.

vendredi 2 janvier 2009

Bon débarras

Pas fâché de sortir enfin de cette grosse année de merde qu'a été 2008. Je me suis demandé si j'y arriverais vivant. Il y a un stade où tu te regardes passer dans un miroir ou une vitrine de magasin, et où tu te fais peur parce que tu ressembles plus à l'ombre ratatinée du Nosferatu de Murnau qu'à un type de presque 30 ans en bonne santé. La tête dans les épaules, le dos voûté, les yeux enfoncés dans un visage malade et mangé de barbe, mais surtout, ce malaise en face des autres, quand tu te dis qu'ils remarquent forcément. Qu'ils savent, qu'ils s'en rendent compte, qu'ils doivent se dire que tu fais peine à voir. Tu peux toujours essayer de feindre la bonne humeur, mais un sourire est aussi difficile que de soulever une énorme masse, et puis à quoi bon ? Tant pis. Tu te tasses un peu plus, tu marmonnes, de toutes façons la bataille est perdue.

Pour faire un peu de lumière dans ces jours gluants de boue noire, je me suis dit que c'était 2008. Rien n'a été bon dans cette année de misère. J'en ai passé huit mois sans voir aucun de mes amis sur Paris, profitant des week-ends pour me réfugier dans mon appartement comme si je cherchais une trève dans une vie sous les bombes, je ne sais pas ce que j'ai pu produire professionnellement, je n'en ai aucun souvenir, je n'y vois que des jours grisâtres et pleins d'angoisse, rien n'a avancé, je n'ai fait que subir, courber l'échine en espérant que ça passe.

Le plus désolant (il m'arrive de me faire la réflexion, comme si le merdier externe ne suffisait pas), c'est que dans l'absolu je ne suis pas un mec déprimant, qui se cache et rase les murs comme si on allait lui tomber dessus pour le massacrer. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Ca remonte à avant 2008, mais tant pis. On va dire que c'était cette année de merde.

Poubelle. Dehors les détritus, merci, salut. Rideau.

Evidemment, comme les choses ne sont jamais aussi simples, la crapouasse de 2008 va bien réussir à déborder sur les premiers jours de 2009 (ça a déjà commencé, à vrai dire) mais putain, pas plus. Il va bien falloir que ça cesse.




D'autre part, j'ai décidé de dédoubler mes activités bloguesques. Je me suis rendu compte que je n'aimais pas trop mélanger sur un seul site des réflexions personnelles et des trucs plus généraux sur l'actualité par exemple. J'ouvre donc ce blog là, www.chestofwonders.com, qui accueillera un minimum d'intime, mais plus de réactions générales, de critiques et tout un tas d'autres billets certainement inutiles mais plaisants à rédiger.

La paix soit sur vos âmes, les enfants. Puisse l'année 2009 vous sourire.