vendredi 9 juillet 2010

L'éternel présent

La fin du corps c'est la fin du cerveau, donc la fin de la conscience. Devant l'indifférence de l'univers, j'exclus les cycles karmiques et les réalités invisibles. La conscience, c'est tout ce qu'il y a, et tout ce qu'il est posssible de terminer. Et en un sens c'est assez rassurant parce que ça signifie que ma propre mort n'existe pas, car elle commencera au moment où ma conscience finira. Ce sera comme quand je n'étais pas né, sur les photos de mes parents jeunes, dans ce monde bizarre dépourvu de moi, et qui ne pouvait ni me rendre triste ni me faire mal puisque je n'existais pas.

Voilà le raisonnement. Ce qui me rend fou dans l'idée de mourir, l'idée de mourir moi (la mort de mes proches, c'est un autre problème et peut-être que c'est pire) c'est la jalousie du monde, la jalousie des cris d'hirondelles les soirs d'été, et des cigales et des baisers dans le cou. Les autres continueront d'avoir ça, et pas moi, et je ne veux pas. Sauf que je ne peux être jaloux que parce que j'existe et que je peux me projeter mentalement hors de moi, dans le futur. Mais en réalité ça ne se passera pas comme ça ; je ne saurai jamais que je suis mort, parce que je n'existerai plus.

La doctrine de l'éternel présent, ça doit être quelque chose comme ça. Vivre dans un présent qui ne soit relativisé ni par le passé ni par le futur, pour pouvoir atteindre l'éternité, car je serai vivant jusqu'à la seconde précédent ma mort, et jusque là je profiterai du monde. Je ne mourrai donc jamais, car tant que je penserai "je", c'est que je serai vivant. Et ensuite ça n'aura plus d'importance, parce que ce "je" n'aura plus de sens.

Ces choses sont triviales mais difficiles à assimiler vraiment.