jeudi 30 octobre 2008

Curriculum vitae toi-même

Au début je voulais être vétérinaire. Quand j'avais cinq ans. C'était ma vocation absolue, je ne voyais rien d'autre. Soigner des gentils chiens et des gentils chats. Ensuite j'ai eu une courte période où, émerveillé par la boîte à outils de mon père, j'ai voulu être bricoleur (je cite). Ca c'était le grand rêve. Un coup de perceuse ici, et puis je te ponce ce bout de bois pour caler la porte. Cette vocation-là a duré dix minutes, le temps qu'on se mette à rire en me disant que ça n'existait pas, un bricoleur professionnel. Bande de tarés.

Longue période où je ne me suis plus posé la question. Je n'y pensais plus. Avec le recul, je me demande bien à quoi je pensais, à cette époque. A mes devoirs de français, j'imagine. On n'a pas la même notion du temps qui passe, quand on a 11 ans.

En troisième, j'ai fait un stage dans une clinique. J'ai visité le bloc opératoire, les urgences, et assisté à une opération du côlon, ou un truc comme ça. Profond en tout cas, bien planqué dans le corps. Le chirurgien avait sorti les tripes du malade et les avait déposées sur son ventre, comme un tas de boue gluante. Splitch, une poignée. Splatch, une autre poignée. Pour atteindre le gros intestin, tu vois. A côté de moi, il y avait une autre stagiaire, qui n'arrêtait pas de me jeter des regards en coin. Sur le moment, je pensais qu'elle enviait ma position stratégique (j'étais perché sur un tabouret, je voyais tout). J'ai appris le soir même qu'en fait elle était à deux doigts de vomir, et se demandait si tout ce bazar ne m'affectait pas autant qu'elle.

Après cet épisode mémorable, j'ai été pris de l'envie furieuse d'être anesthésiste. J'aimais bien les petites pilules, et la machine qui t'endort en un claquement de doigts. Ils utilisent du curare, pour vous endormir. Ca détend les muscles. Je connaissais déjà le nom, parce que les indiens en enduisent leurs pointes de flèches, dans Tintin et l'Oreille cassée. Alors j'ai fait des études de médecine. J'ai raté le concours, vraisemblablement parce que c'était difficile.

Par ricochet, je suis parti en biologie. Ca avait l'air de ressembler. Bonnet blanc, blanc bonnet, tout le tintouin. Arrivé en maîtrise, j'ai effectué un joli dérapage contrôlé pour prendre la sortie vers le journalisme. La bio, ça allait bien comme ça hein, stop. Et puis j'étais un littéraire moi, bordel, j'avais la passion du stylo. Bon. Au bout de trois mois, j'en ai eu marre du journalisme, et de toutes façons j'ai foiré ma seule interview de l'année. Pour ne pas perdre de temps, j'ai enchaîné sur une licence d'anglais. Ca servait à rien, c'était juste comme ça. Les études c'est comme de l'héro, quand t'y as goûté tu t'en passes plus.

En parallèle, pour m'amuser, j'ai bossé sur le site web d'une association de journalistes. Un truc pas terrible et très frimeur, très trendy, très Pâris-djeunz-bedo-dawa, mais clean, parole, rien qu'avec des gens très cultivés qui avaient lu tous les livres. Motivé par cette expérience fantastique (j'ai jamais terminé), je me suis lancé dans la création de sites web. Et puis j'ai postulé dans une agence, après tout, pourquoi pas.

J'y suis toujours. J'oscille d'un boulot à l'autre à l'intérieur, mais j'y suis toujours. C'est dingue hein. Moi qui à la base ne rêvais que d'une perceuse électrique.