vendredi 29 juin 2012

Journal stupide

Expérience ratée : me lever chaque matin deux heures plus tôt pour écrire, et produire une nouvelle courte par semaine.

La première nouvelle n'est pas terminée qu'elle est déjà mauvaise et irrécupérable. Le style est presque inexistant et tout y sent la précipitation. Même si c'est un premier jet, c'est un premier jet de mauvaise qualité, sur lequel il me sera impossible de construire un château.

Il faut vraiment en finir avec les méthodes conseillant de boucler très vite l'histoire puis de prendre ensuite son temps pour l'arranger. Je n'y arrive pas, ça m'est anti-naturel, et ce n'est même pas ainsi que je fonctionne dans mon boulot de créatif. Peu importe si c'était la façon de faire de Bradbury ; chez moi ça ne fonctionne jamais. Les meilleures pages que j'aie jamais écrites l'ont été dans la lenteur et le soin apporté aux détails stylistiques dès le premier jet. De même pour mes chartes graphiques. Je me demande ce qui ne tourne pas rond chez moi pour toujours vouloir essayer autre chose.

En attendant, moral pas folichon. Le monde comme volonté et représentation de Schopenhauer m'apporte un peu de réconfort, mais en contrepartie je n'ai plus envie de lire de fiction. Il est assez délicat de se rendre compte que la solution à l'énigme du monde existe dans un bouquin de bientôt deux-cents ans, tout en espérant, alors qu'on le déchiffre, pouvoir continuer à penser à autre chose. Malgré l'étrange soulagement apporté par la parole de Schopenhauer (à la fois dans le fond et dans la forme, souvent drôle ou bassement énervée), il m'arrive de souhaiter en voir la fin, pour revenir à des considérations plus triviales.