mercredi 7 janvier 2009

I'm not sleepy and there is no place I'm going to

Le vieux au visage grêlé et aux yeux rouges ne comprend pas que je n'ai aucune envie de lui faire la conversation. Ni sur les bus qui sont décidément tout le temps en retard, ni sur la température extérieure qui s'élèverait, selon ses estimations, à -8°C. Je ne sais pas quelle température il fait, et j'en ai rien à foutre.

Je hoche la tête quand il me regarde, parce qu'il attend mes réponses avec un air désespéré, comme si j'étais son sauveur (oui Mon Fils, les bus sont en retard, tu as raison c'est scandaleux, va en paix maintenant, ego te absolum), et que je ne peux quand même pas rester figé comme une statue de sel.

Les gens essaient toujours de me parler quand j'ai pas envie d'ouvrir la bouche. Les vieux surtout. Est-ce que c'est moi, ou est-ce que ce sont toujours les vieux qui tentent d'engager la conversation avec des inconnus ? Au supermarché, dans la rue, à la table voisine au restaurant, dans le train... Fermez-la à un moment, je sais pas, "chut" quoi.

Ma grand-mère faisait ça aussi. C'est peut-être un symptôme. Mais dans ce cas-là les gars, vous pouvez me croire, en ce moment je retrouve mes 15 ans.

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Sinon, France 2 ne diffuse plus de pubs après 20 heures. Viva la revolución, dame otro tequila ! Dès lundi à 20h33, la météo continuait d'être sponsorisée par Darty, mais on suppose que ça compte pour du beurre. Cette polémique autour de la pub est naze, en fin de compte. Si ça permet d'avoir un meilleur "service public" (j'entends par là autre chose que Le grand cabaret sur France 2 ou Louis la Brocante sur France 3), c'est très bien. Et si ça coule la télé publique c'est très bien aussi, de toutes façons 120€ de redevance pour voir Patrick Sébastien faire semblant d'être un mec super terroir qui a gardé son âme d'enfant, j'ai du mal à avaler.

La première émission de la nouvelle télé publique, c'était Rendez-vous en terre inconnue. Je n'étais pas très attentif parce que je m'acharnais en parallèle sur ma Livebox qui avait décidé qu'elle n'avait pas envie de bosser. L'émerveillement forcé devant le grand dépaysement me gonfle, de toutes façons. Ce coup-ci, Edouard Baer était embarqué les yeux bandés chez les Dogons, un clan du Mali.

J'aime bien Edouard Baer, mais s'il y a un truc qui m'énerve c'est bien ce genre de discours :

"Ca alors hein, c'est formidable ! Tu vois, chez nous les gens quand ils te disent que tu fais partie de la famille, c'est juste une formule, si tu repasses chez eux le lendemain ils sont plus là ; alors qu'ici, on a vraiment l'impression d'être devenus très intimes au bout d'une heure".

A cause que les gens tu vois, plus ils vivent simplement, plus ils sont gentils. Tu peux y aller champion, on peut pas se tromper. Les Dogons évidemment, ils creusaient la terre à genoux pour récupérer je ne sais quel tubercule, alors tu penses s'ils étaient gentils. Quelle humanité chez ces gens-là hein, quelle grande leçon de vie. Ils n'ont pas d'amertume, pas de ressentiment envers la grande et toxique civilisation occidentale et son Dieu Argent, ils continuent de vivre en harmonie avec la Nature et ils ont tous une grande sagesse acquise au fil de leur communion avec la Terre.

On aime bien se faire croire qu'on a appris l'humilité auprès de vieux sages que les autres n'ont pas encore considéré (car naturellement, tous les autres richards occidentaux ne voient toujours chez eux que de pauvres paysans illettrés, à peine digne du statut d'être humain). Ca fait bien. Ca fait distingué, sensible. Ca sonne un peu comme le civilisé face au bon sauvage aussi, mais arrière raciste. Tais-toi donc, ces gens-là sont tellement gentils.

C'est drôle en même temps parce que les Dogons c'est le clan touristique par excellence. Leurs masques de cérémonie c'est surtout pour l'artisanat et le commerce, maintenant.

Et puis ça suffit, à la fin. Ne racontez pas de telles fables aux enfants. On sait bien que les gens sont des ordures puantes, morveuses et dégueulasses, des monstres grotesques et fats, boursouflés d'égoïsme et de lâcheté, au nord comme au sud, riches comme pauvres. Au milieu de la masse répugnante, il y en a seulement parfois qui ont quelques principes.

Faut arrêter de me prendre pour un con.

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