vendredi 25 janvier 2013

Requiem aeternam dona eis

J'aurai l'immense privilège de chanter ce soir, sans doute pour la dernière fois de ma vie, ce que je considère être l'un des trois ou cinq plus grands sommets du patrimoine artistique de l'humanité, la Messa di Requiem de Verdi, à l'église Saint-Augustin. Si on me l'avait annoncé il y a encore 4 ans (avant ma découverte de l'Académie de musique), pour paraphraser une lettre de Brahms : probablement que l'excitation m'aurait rendu fou.

A plusieurs reprises, au cours des quelques mois de répétition, j'ai été tenté d'abandonner et de ne pas la chanter, désespéré d'avoir l'impression que nous rendions médiocre une oeuvre grandiose. Puis les choses se sont affinées. Après trois concerts, nous voici arrivés à la dernière représentation, et nous ne serons donc jamais mieux préparés que ce soir. C'est ce soir qu'il faut se perdre ; c'est ce soir que se trouve ma dernière chance de me laisser engloutir. La dernière possibilité de disparaître un instant, parce qu'on aura pu emprunter une porte vers l'essence même des choses - ce moment rare et réconfortant où l'on n'est plus soi-même, où les limites qui nous séparent du reste du monde tombent.

Il me semble que c'est exactement l'intention derrière les derniers chuchotements de la messe, libera me, délivre-moi ; et que l'illusion de ce que je suis s'éparpille et se dissolve dans l'air.

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