mardi 18 novembre 2008

And I've been working like a dog

Julien Doré a beau dire, même avec des barettes dans les cheveux il arrive toujours un moment où on ne peut plus dépasser les limites. Ah ça, on peut faire le petit malin, on peut faire le rebelle goguenard qui se moque des conventions, mais quand on se retrouve à buter contre un mur, il faut bien s'arrêter (ou le défoncer à coups de masse, mais j'ai pas encore bien compris le sens cette métaphore quand il s'agit de limites physiques ou nerveuses (je cherche)).

J'expérimente un phénomène curieux en ce moment. Depuis quelques jours j'ai l'impression diffuse de flotter entre deux eaux, balloté au gré des courants sans prise sur les événements. Dans un film, on verrait le héros marcher de nuit sur Times Square, et les néons clignoteraient, les voitures et les passants bougeraient à toute vitesse, avec des bruits d'insectes. Tchakatchakatchak-tchakatchakaTCHAK. Lorsque j'essaie de me concentrer sur la moindre tâche, tout se bloque comme si j'avais le cerveau rempli à ras bord. On dirait un disque dur fragmenté qui rame pour trouver un octet de libre (si c'est pas poétique).

Du coup, je bugue. Quand les situations sont désespérées, je leur trouve souvent un côté comique. Là, c'est d'une drôlerie si extraordinaire que j'en pleurerais de rire. Et la seconde d'après bien sûr, je jette Sophie comme une vieille merde parce que bordel, j'ai pas du tout envie de rire. Putain. Et je reviens à mon boulot qui ne peut pas avancer parce que je suis saturé, et je vois bien que ça n'avancera jamais, je vois bien que ça m'est physiquement impossible, que j'en suis incapable, alors je me dis que je vais simplement me mettre à pleurer. Voilà. Ca vide des choses peut-être, de se mettre à chialer. Sauf qu'en fait ça vient jamais.

La fatigue nerveuse, c'est terrible. Dans ces moments-là, je rêve de grands espaces et de refuges secrets. Dans ces moments-là, je rêve de voyages que je n'aurais jamais l'idée de faire en temps normal. J'ai jamais aimé voyager. Mais ça doit être la seule solution pour penser à autre chose. Barrons-nous d'ici les gars, ça commence à chauffer sévère. C'est aussi dans ces moments-là que l'envie d'écrire des romans se fait la plus furieuse.

J'ai réussi à annuler une réunion de veille stratégique pour bosser ce soir. Mais tu parles. Je suis affalé devant cet écran déprimant, la tête sur les bras, et dès que je tente d'orienter mes pensées vers un semblant de réflexion, tout se verrouille. Hé vieux, on t'a dit que trop c'était trop. Et je louvoie comme une anguille, j'écoute les Beatles sur Deezer (j'ajoute d'ailleurs les Beatles à la liste des musiciens que ma parole t'as vu, heureusement qu'ils ont existé pour me sauver de la dépression nerveuse chronique, avec Scott Joplin, Beethoven, Mika, Air et Queen), je fais des petits serpentins au stylo sur mon bloc notes, j'en hachure certaines boucles pour leur donner du relief. Voyons voir, faisons celle-ci un peu plus foncée que celle-là, ça sera joli tu crois pas ?

Et maintenant que je suis seul ici, pour terminer ce que j'aurais dû terminer voilà une semaine et demie (et ça, mes enfants, c'est la tâche la moins urgente de toutes - reprenons tous en choeur, la moins-la moins-la moins urgente de toutes), j'entends des portes qui claquent toutes seules. Si un cambrioleur me flanque un coup de cut dans l'estomac, j'aurai au moins un prétexte béton pour excuser ce foutoir infini.

Je ne sais pas ce que je vais faire.

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